The Molly Maguires

D’après le roman d'Arthur H. Lewis et inspirée de faits réels, The Molly Maguires (Traître sur commande) est un film américain réalisé par Martin Ritt, en 1970. Avec, dans les rôles principaux Sean Connery, Richard Harris et Samantha Eggar, le film raconte comment un détective s'infiltre dans une société secrète, dont l'activité consiste à saboter les mines de charbon, et à séquestrer des industriels, en représailles de l'interdiction du syndicalisme : les Molly Maguires, irlandais émigrés en Pennsylvanie au XIXe siècle.

Après une décennie marquée par le succès artistique et commercial, Henry Mancini et son mentor cinématographique Blake Edwards se trouvaient tous deux à la croisée des chemins qui leur faisait comprendre qu'il était temps pour leur carrière de prendre un chemin différent de celui qui les a illustré dans leurs parcours professionnels respectifs, apparemment indissociables l'un de l'autre. Et tandis qu'Edwards décide de s'attaquer au western, obtenant des résultats appréciables avec Wild Rovers (Deux hommes contre l'Ouest), Mancini décida de se tourner vers des films au style plus sophistiqué.

Il était prévu que c’était Charles Strousse, un compositeur de Broadway qui avait acquis une certaine notoriété dans ces années-là en participant à la superproduction Bonnie & Clyde d'Arthur Penn, qui devait travailler sur la musique de The Molly Maguires. Mais les producteurs n’étant pas satisfaits de sa composition, engagèrent Mancini qui tombait à pic.

Pour tisser sa toile musicale, Mancini a opté pour une orchestration aux racines folkloriques et populaires évidentes, donnant la vedette à une série d'instruments inhabituels tels que la flûte et la harpe irlandaises, un petit accordéon et un ocarina. Son objectif n'était autre que d'intégrer dramatiquement dans sa partition les racines folkloriques des émigrants irlandais, qui, à travers l'utilisation de ces instruments décriraient les mineurs à travers leur dur travail quotidien, leurs quelques brefs moments de détente et leurs actions armées. La séquence ‘Theme From Molly Maguires’ (A1) est soutenue par la harpe et la flûte irlandaise. Ces instruments fournissent le motif central auquel s'ajoutent progressivement les vents et les cordes (notamment les violoncelles), dans une structure crescendo pour décrire le dur labeur des mineurs et le respect qui leur est dû. On retrouve également ce merveilleux thème dans les séquences ‘Room and Board’ (A7), ‘Sadwiches and Tea’ (B3) et ‘The End’ (B8).

Pour traduire tout ce qui ont trait aux actions armées des « Maguires », la partition peut également être très dramatique. C’est le cas dans les séquences ‘The Mollys Strike’ (A2) et ‘The Mollys Strike Again’ (B5) où de nombreuses notes se superpose aux percussions avant que les vents et les cordes, scherzando, ne donnent la verve et le nerf nécessaires à la mise en danger de leurs actions.

Le générique d'ouverture intitulé ‘Main Title’ (A3) est grandiose et épique. Il se laisse entrainer par une ballade irlandaise qui s’estompe vers la fin de la séquence. ‘Fiddle and Fife’ (A4) ainsi que la séquence ‘A Brew with the Boys’ (B6), sont tout aussi entraînantes et interprétée principalement avec le violon, l'accordéon et la flûte irlandaise.

Comme symbole de la dignité des travailleurs, la partition oscille vers un sillage émotionnellement fier et noble. C’est le cas pour la séquence ‘Work Montage’ (A5).

Mancini ne néglige pas non plus les aspects plus lyriques de l'histoire lorsqu'il traite de l'amour entre Harris et Eggar. À partir d’une apparente simplicité mélodique, on retrouve une grande profondeur sentimentale dans les séquences ‘Jamie and Mary’ (A6) et ‘The Hills Of Yesterday’ (B1), anticipant également de manière visionnaire certaines caractéristiques morriconiennes dans la conjonction des cordes, de la harpe et de la flûte.

‘Pennywhistle Jig’ (B2) est une séquence dont les caractéristiques diégétiques évidentes sont effacées au profit d'une incidentalité dramatique grâce à l'intervention de la corde présente à l'arrière-plan du fragment comme prélude à l'entrée du motif principal joué par les vents et les cordes.

‘Trip to Town’ (B4), est une séquence festive et farceur qui fait traduit la camaraderie entre les mineurs.

L'émouvant ‘A Suit for Grandpa’ (B7) est caractérisé à nouveau par la gravité émotionnelle et solennelle des violoncelles, métaphore heureuse de la dignité de la classe ouvrière, et par le crescendo soutenu par les scherzos de cordes et la puissance des cuivres.

Inscrit sur la liste noire pour ses idées gauchistes, le film fut un échec commercial : son budget de 11 millions de dollars n’a été couvert qu’à hauteur de 10 % par les rentrées du film. En revanche, la musique d’Henry Mancini est excellente et, est probablement l'une des plus belle et des plus mélodique du compositeur.

Édité en 1970 par Paramount Records, le disque est aujourd’hui épuisé et c’est seulement chez quelques disquaires spécialisés que vous pourrez encore vous le procurer. Heureusement, cette magnifique partition a fait l’objet de plusieurs rééditions, dont une, non-négligeable paru chez Kritzerland, en 2012. Ce qui est remarquable dans cette édition est qu’elle inclut la partition composée par Strousse, constituant, avec la demi-douzaine de thèmes inédits de Mancini, le principal attrait de cette nouvelle présentation numérique, dont la disponibilité est partielle, compte tenu de sa sortie commerciale limitée (1500 copies).

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